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Je travaille à ce que l’Europe prenne mieux en compte les spécifiés insulaires

La Corse rencontre des difficultés permanentes, de part son éloignement au continent. Je souhaite que l'Union européenne tienne compte de ces particularités, qui freinent son développement.

L’intégralité de mon interview sur France Bleu Corse est retranscrite ci-dessous.

L’insularité est-elle sous estimée dans les politiques européennes ? 

Je veux vous dire le bonheur qui est le mien d’être dans cette belle île de la Corse. Comme vous le savez, je suis réunionnais. Et à la Réunion, on ne cesse de me dire que la plus belle île du Monde est la Corse. Et les Corses me disent qu’il s’agit de la Réunion. Depuis que je suis arrivé, je vois que nos îles se ressemblent au fond beaucoup. A la fois dans une unité de défis, d’enjeux, d’atouts. Les réunionnais et les corses se comprennent très bien.  

“Pour le pays Corse, il est tout à fait essentiel d’avoir la maîtrise de sa stratégie maritime. C’est une question d’indépendance stratégique.”

Entrons dans le vif du sujet. Si vous ne le saviez pas déjà, les difficultés structurelles sont bien réelles. Le bras de mer, aussi petit soit il, existe. La continuité territoriale est à l’origine de bien des difficultés. La collectivité a été condamnée à payer une lourde amende issue de la gestion précédente.  Pour vous, la France n’assume pas dans ce dossier ? 

 Bien sur ! Le gouvernement n’assume pas, se défausse de ses responsabilités. Pour les îles, la question du désenclavement est une question absolument essentielle ainsi que celle de la continuité territoriale. Et pour le pays Corse, il est tout à fait essentiel d’avoir la maîtrise de sa stratégie maritime. C’est une question d’indépendance stratégique. Il faut impérativement que les Corse gardent la maitrise et ce que nous avons convenu avec le Président Gilles Simeoni, c’est de multiplier auprès de l’Union européenne puisque je crois qu’une partie des solutions peuvent se trouver en Europe. 

Il y a les régions ultrapériphériques, vous en êtes, vous l’avez dit, de la Réunion, et les autres, les régions insulaires. Nous y sommes. Pour l’instant, il y a clairement une différence de traitement ? 

Oui, évidemment. Vous savez que la Corse, aujourd’hui, n’est plus considérée comme une région pauvre de l’Union européenne, mais une des régions les moins développées. Et le principe c’est que plus une région est pauvre, plus on est en retard de développement comme ils disent, et plus on bénéficie des fonds. Ce qui veut dire que la Corse qui a un niveau de développement plutôt moyen bénéficie moins de fonds qu’avant. Sauf que la Corse est une île. Il y a ici des surcouts, des handicaps structurels qui sont permanents, vous l’avez dit, il y a l’éloignement, tout ceci doit être pris en compte. Et chacun sait que nous avons des besoins ici d’investissent qui sont considérables.

“Il y a, en Corse, des difficultés extrêmement importantes, dans tous les secteurs. L’Union européenne doit être davantage présente.”

La pauvreté a explosé pendant la crise du Covid. Il y a, en Corse, des difficultés extrêmement importantes dans tous les secteurs et l’Union européenne doit être davantage présente. D’autant plus que la Corse est plutôt une bonne élève dans la consommation des crédits européens. Et j’ai vu que tous les fonds européens sont bien utilisés sur des projets qui auront été très bien pensés. Alors je travaille actuellement pour faire en sorte que les spécifiés insulaires soient mieux prises en compte dans les règlements et que dans la future programmation des fonds, la puisse bénéficier parce qu’elle est une île, parce qu’elle a des handicaps, parce que son marché est étroit, davantage de fonds européens et je sais qu’ils seront bien utilisés. 

Des accords inter-régionaux peuvent être mis en place ? 

Evidemment ! La Corse baigne dans la Méditerranée. Elle ne doit pas être dans une relation exclusive avec le continent. Et elle est ouverte sur les iles méditerranéennes, je pense évidemment à la Sardaigne, à la Sicile mais on peut également porter son regard vers les iles grecques. Il y a là aussi une unité d’enjeux et de défis. Et puis, je dis aux élus des outremers français, que nous devons davantage travailler avec la Corse parce qu’en réalité entre l’Outremer français, la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Corse, il y a beaucoup de points de convergence. 

“Je regrette que la France n’ait pas retenu l’idée d’avancer sur la question insulaire pendant la présidence française de l’Union européenne.”

C’est ce pacte des iles, ce front commun dont vous parlez ? 

Oui. Je regrette que la France n’ait pas retenu l’idée d’avancer sur la question insulaire pendant la présidence française de l’Union européenne. Mais j’ai très bon espoir que la présidence espagnole, qui suivra dans l’année 2023, fera de la question insulaire une question prioritaire. 

Vous portez cette question là jusqu’au niveau de l’Europe ? La prise en compte du fait insulaire dans tous les règlements, c’est ça la pleine reconnaissance des iles ? 

Oui. Il y a une sous estimation en réalité, du coté de l’UE, des enjeux insulaires. Et de ce que les iles représentent aujourd’hui pour le monde et pour l’Europe. 

On a parlé transport, il y a aussi la problématique de l’énergie. Ici, on parle de transition écologique, ça patine, c’est un enjeu encore plus important quand on est enclavé comme ça ? 

Oui, mais il y a une volonté politique forte sur le territoire. Il y a la volonté d’aller vers le 100% d’énergies renouvelables. Je crois que la Corse peut atteindre l’autonomie dans tous les secteurs. L’autonomie est la clé. L’autonomie énergétique, l’autonomie alimentaire aussi, pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Et puis l’autonomie sur le plan politique. 

“Il y a une sous estimation en réalité, du coté de l’Union européenne, des enjeux insulaires.”

Il y a, en Corse, un cheval de bataille ; un statut particulier, et notamment fiscal. Pourtant, il y a des choses qui existent. Est-ce qu’on utilise tout avant d’en arriver là ?

Ce qui existe est insuffisant pour ce qui concerne par exemple les régions ultrapériphériques et les outre-mer français, nous avons un régime fiscal tout à fait dérogatoire. J’ai fait adopté cette semaine au Parlement européen, un régime dérogatoire pour la fiscalité dans les îles Canaries. Donc il n’y a pas de raison qu’il n’ait pas encore plus de prise en compte des particularités sur le plan fiscal pour la Corse. C’est tout à fait essentiel. 

Deux mots de la fin. Nous accueillons ces deux jours en Corse, Eric Zemmour, futur candidat à la présidentielle. Vous avez deux mots à lui dire ? 

Je lui pose une question et j’interroge les Corses. Est-ce que Eric Zemmour est un partisan de l’identité Corse ? Est-ce qu’il est pour la langue corse ? Ces langues pour lesquelles nous nous battons. Est-ce qu’Eric Zemmour est pour la prénoms et les noms Corse ?

Est-ce qu’il est pour l’autonomie de la Corse ? Ce sont des questions concrètes et j’espère qu’il y répondra. 

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