Grèce – “C’est un colonialisme d’un genre nouveau”

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Interview parue dans le Quotidien de La Réunion le 02/07/2015:

 

Comment voyez-vous le référendum de dimanche?

Ce référendum est une bonne chose, les grecs ont droit à la parole. Le berceau européen de la démocratie a répondu par la démocratie à la crise dans laquelle le FMI et les autres gouvernements européens, y compris français, le poussent. C’est la seule et unique décision qui pouvait être prise. L’ultimatum qui a été présenté la semaine passée à Alexis Tsipras est là pour enterrer la Grèce et surtout son gouvernement. Il n’y a aucune volonté de consensus du côté de l’Eurogroupe et des créditeurs de la Grèce.  C’est un coup d’État et un colonialisme d’un genre nouveau, les chars ne sont pas là ce sont les banques et les grands argentiers du monde qui attaquent la Grèce. Et par la même ce sont tous les peuples européens qui sont attaqués. Ceux qui violent le droit et les valeurs qui fondent l’Union européenne sont d’une irresponsabilité qui dépassent tout entendement.

Pourtant la dette Grecque a déjà fortement diminuée. Elle n’augmente qu’en proportion de son PIB, et son PIB n’a de cesse de chuter par la faute des mauvais remèdes imposés par les créditeurs.  Cela démontre que les remèdes imposés relèvent plus de l’acharnement thérapeutique, ou de l’euthanasie forcée, que de la raison. La dette grecque était de 356 milliards d’euros en 2011, elle est passée à 317 milliards en 2014, tout en passant de 171% de son PIB en 2011, à 177% de son PIB en 2014.  Dans le même temps la dette allemande a augmentée de 70 milliards d’euros, tout en représentant une part de moins en moins important de son PIB. À qui profite donc la crise? Et pourquoi s’acharne-t-on de cette manière sur la Grèce alors que d’autres solutions crédibles existent?

Les gouvernements européens veulent se dérober. Ils cherchent de la manière la plus lâche qu’il soit à faire porter la responsabilité de cet échec européen (mais qui permet à certains de continuer à s’enrichir) sur le dos de la Grèce. Plus aucun raisonnement économique et plus aucune vision économique ne se trouvent portés par le Conseil européen et le FMI. Leurs solutions ne conduisent à rien, si ce n’est à acheter la Grèce au plus bas prix. C’est une guerre économique, politique et idéologique. Et tout cela risque de conduire l’Europe au chaos. La notion de solidarité, qui est la raison d’être de l’Union européenne, est attaquée par ceux qui se disent être les” europhiles”, mais qui par les actes qu’ils inaugurent contre la Grèce se révèlent aujourd’hui être les fossoyeurs de l’idée européenne.

Le référendum que propose Alexis Tsypras et l’Assemblée Nationale Grecque, vient leur rappeler avec résonnance que la démocratie existe encore, et que c’est elle qui doit avoir le dernier mot. Je soutiens pleinement ce référendum, c’est une belle et courageuse initiative.

Je suis par ailleurs profondément choqué du comportement du gouvernement français dans toutes ces négociations. Comment la  France, si elle n’a pas encore cessée de être ce qu’elle est, peut-elle se faire le spectateur inaudible et impuissant de cette abjecte et inhumaine guérilla idéologique qui se déchaine contre la Grèce et un peuple tout entier? Le mot indignation ne suffit plus à décrire mon ressenti en ce moment. Nous attendons du Président français qu’il se réveille pour défendre les valeurs qui sont celles de notre République.

 

Que ressort-il de vos échanges ses derniers jours avec Syriza?

Nous sommes au Parlement en contact permanent avec Syriza, nous sommes informé chaque jour de tout ce qu’il se passe réellement. Loin de la propagande officielle rabattue sur les chaînes françaises. Syriza siège au sein de notre groupe et quelques-uns de mes collègues et amis sont aujourd’hui membres du gouvernement Tsipras. Il y a donc une action commune que nous mettons en œuvre pour avancer et Syriza évidemment bénéficié de notre soutien au Parlement européen. Tout d’abord, dans nos échanges, Syriza rappelle que la Grèce n’a pas fait défaut, mais qu’elle a demandé un délais au FMI pour payer les 1,6 milliards d’euros qu’il lui réclame. Il n’y a donc aucun évènement financier, c’est une procédure normale prévue dans les statuts du FMI. Syriza demande un temps nécessaire de deux ans pour lui permettre de relancer son économie et lui permettre d’initier les réformes qui doivent être faites. Face à cela, le chantage fait par l’Eurogroupe et la BCE est inouï.  Le peuple Grec devra voter ce dimanche après avoir passé une semaine avec des banques fermées, et terrorisé par le fait que l’on leur fasse entendre que s’il disent non, la place de la Grèce dans la zone euro n’est pas certaine.

Le gouvernement Grec a fait ce jour une dernière proposition à ses créditeurs, une réunion par vidéo conférence est prévue pour ce mercredi 1er juillet. Nous attendons de voir ce qu’il ressortira de cette nouvelle réunion, et si une fois encore les créditeurs y mettront court, ou s’il accepteront de concevoir que c’est à la Grèce, et non à eux, de mettre en place les solutions pour permettre une sortie de crise qui ne se solde pas par la banqueroute généralisée de la population grecque.

 

quotidien - grèce

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