Publié sur Libération.fr, par AFP —
Les trois auteurs présumés de l’agression mortelle d’un métropolitain de 38 ans vendredi soir à Mayotte, tous mineurs, sont désormais interpellés, a annoncé mercredi le procureur de la République Joël Garrigue, au lendemain d’une manifestation de plusieurs milliers de personnes contre la violence et l’insécurité.
Mercredi, la situation était calme et la circulation normale dans l’île, a constaté un journaliste de l’AFP, après plus de deux semaines d’un conflit social qui a paralysé l’île, et plusieurs nuits de violences urbaines. La veille, des milliers de Mahorais ont manifesté mardi à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, après qu’un métropolitain a été poignardé vendredi soir en allant chercher son fils à son cours de judo.
Pour le député européen DVG de la circonscription outre-mer Younous Omarjee, qui tenait une conférence de presse mercredi à Paris, «les Mahorais n’en peuvent plus».
Interrogé mercredi par la télévision Mayotte 1ère, le procureur de Mayotte Joël Garrigue, a expliqué que deux auteurs présumés, «âgés de 16 ans», avaient déjà été «arrêtés» et qu’un troisième «plus jeune, âgé de 13 ans», avait été emmené par son père «au commissariat» mercredi matin. «Il est en garde à vue».
Il a précisé que l’adolescent serait «probablement demain» (jeudi) chez le juge d’instruction «pour être mis en examen».
«Au vu des témoignages qu’on a jusqu’à présent, on a une idée à peu près de qui a fait quoi, de qui a donné le coup de couteau mais sur les trois auteurs, il y a un seul qui a pu être entendu», a précisé le procureur.
Après cette agression, deux réunions de crise ont eu lieu lundi et mardi sous l’égide de la préfecture, qui a annoncé le renfort de 65 gendarmes mobiles venus de métropole, qui seront sur le département jusqu’à la mi-mai. Ils s’ajoutent aux 42 gendarmes déjà annoncés par le gouvernement, qui doivent arriver dans l’été.
– «Bond de la taxe d’habitation» –
Pour le député européen Younous Omarjee, Mayotte «va de mal en pis» et les conditions de vie «n’ont jamais été aussi désastreuses» pour les Mahorais, en quête de «mesures urgentes et immédiates», d’«une plus grande présence des services de l’Etat», notamment pour l’éducation, les mineurs isolées et l’accompagnement social, et surtout «de respect».
Le député européen DVG était accompagné d’un collectif de Mahorais venus dénoncer la hausse des taxes foncières sur l’île, où 84% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et réclamer «une fiscalité dérogatoire pendant 30 ans» ainsi qu’une «régularisation foncière».
Le collectif espère rencontrer un membre du gouvernement pour lui remettre une pétition de 17.144 signatures (sur 40.000 foyers fiscaux) avant une réunion de parlementaires de ce département avec le Premier ministre mardi.
Ils dénoncent notamment un «bond important de la taxe d’habitation». «On n’est pas contre la fiscalité, mais il y a une nécessité d’adaptation à la situation de la population, et de progressivité», a expliqué le conseiller départemental Daniel Zaidani (DVD).
De plus «la fiscalité est aléatoire, car le cadastre n’est pas fiable. Certains sont imposables, d’autres pas, on n’est pas égaux», a insisté le président du collectif, Chihabouddine Ben Youssouf, conseiller départemental DVG.
«On est au bord de l’explosion sociale», a résumé Ahmet Ali Abdou Salam, ancien conseiller départemental.