Les pouvoirs publics réfléchissent à une réforme du programme d’options spécifique à l’éloignement et à l’insularité (POSEI). Un changement qui n’enchante pas les agriculteurs locaux qui estiment que la réforme ne devrait concerner que les Antilles.
A l’appel de la CGPER, une soixantaine de maraîchers, d’éleveurs et autres agriculteurs de tous bord était réunis hier matin à la Ligne Paradis (Saint-Pierre). Sur place, Jean-Yves Minatchy, président du syndicat agricole, Younous Omarjee, député européen et Jérôme Gonthier, le président de la FRCA sont venus sensibiliser les exploitants sur les menaces qui pèsent sur la filière agricole locale. L’inquiétude concerne le projet de révision du POSEI (programme d’option spécifique à l’éloignement et à l’insularité). Transposition locale de la PAC (Politique agricole commune), cette disposition particulière permet aux territoires comme la Réunion de profiter d’outils et de fonds adaptés et qui prennent en compte ses particularités. L’outil, qui aurait démontré depuis longtemps son utilité selon Minatchy et Omarjee, est aujourd’hui menacé par les pouvoirs publics. Concrètement, le gouvernement estime qu’il existe un déséquilibre entre les “filières traditionnelles” et celles dites “de diversification”. Un avis qui n’est pas partagé par les acteurs réunionnais.
“Les propositions issues de la réforme de ce programme qui consistent à ne plus aider les filières traditionnelles au profit des autres filières de diversification nous surprennent parce qu’elles ne correspondent pas à nos orientations, ni à la volonté des acteurs des filières agricoles de l’île”, martèle Jean-Yves Minatchy. Pour le président de la CGPER un déséquilibre existe effectivement entre les filières… mais uniquement dans les Antilles. “La Réunion s’appuie sur la canne en tant que filière traditionnelle mais notre île a fait l’effort de développer, à partir de cette base, les autres filières de diversification. Nous sommes exemplaires sur ce point et ce n’est pas un hasard si nous représentons 40 % de la production agricole des outre-mer. Aux Antilles toute la production est centrée autour de la banane et les autres filières sont quasi inexistantes. Nous ne sommes pas opposés à la réforme mais nous demandons à ce qu’elle s’applique aux territoires qui en ont besoin et qu’elle laisse notre filière canne, qui compte 3 500 planteurs, génère 12 000 emplois et représente 85 % des exportations, fonctionner comme elle l’a toujours fait”, insiste le président de la CGPER qui dénonce “la position de l’Etat qui ne veut rien entendre”. Jean-Yves Minatchy demande donc que les 11 parlementaires de la Réunion s’expriment sur ce dossier et qu’ils apportent leur soutien pour la consolidation et le développement de la filière agricole locale.
Le vice-président de la chambre d’agriculture peut déjà compter sur le soutien de Younous Omarjee sur ce dossier. Le député Européen a en effet engagé des discussions avec Dacian Ciolos, le commissaire Européen à l’agriculture et au développement rural afin de débloquer la situation. “Monsieur le commissaire Européen a déjà fait savoir qu’il était ouvert à toutes les propositions dans ce dossier mais il demande des précisions. A nous de lui montrer que la Réunion est déjà performante et qu’une remise en cause du POSEI pourrait être préjudiciable à notre agriculture”, demande le député Européen. Les agriculteurs sont donc invités à venir débattre de ce dossier avec le commissaire Européen. Ce dernier est attendu sur l’île à la fin du mois de juillet.