L’évolution des relations entre les territoires ultramarins et l’Europe sera au cœur des futurs travaux.
“C’est une occasion pour nous de faire valoir nos principes et d’ouvrir des perspectives”. Alors qu’il s’apprête à effectuer sa rentrée parlementaire, Younous Omarjee a dévoilé hier l’état d’esprit qui l’anime au moment où il doit réfléchir à l’évolution des relations entre l’Europe et les territoires ultramarins. Le rapport législatif qui lui a été confié par le Parlement sera achevé à la fin de l’année et fera l’objet d’un vote à Strasbourg. Sans renier le travail accompli par ses prédécesseurs, le député réunionnais veut aborder, sous un autre angle, l’avenir des régions ultrapériphériques au sein de l’Union. “Il nous faut être en capacité de changer de prisme, dit-il, nous devons continuer à défendre les RUP mais nous avons aussi l’obligation de les faire gagner”. Décodé, le message donne ceci : si elles veulent s’ancrer véritablement au sein de la communauté, les régions ultrapériphériques doivent sortir de leur logique défensive pour s’engager dans une démarche résolument offensive. Jusqu’ici les territoires concernés bénéficient des crédits prévus par les politiques régionales et des aides sanctuarisées dans le Poséi, le programme regroupant les aides agricoles. L’ambition qui anime Younous Omarjee est la suivante : imaginer des instruments afin que la Réunion, Mayotte ou les Antilles-Guyane puissent s’arrimer aux autres politiques communautaires menées à l’échelle du Vieux Continent. “Il est urgent de créer une synergie entre la gestion des fonds structurels et les autres outils si nos régions veulent relever les grands défis auxquels elles sont confrontées”, estime le député réunionnais. Celui-ci reste convaincu que Bruxelles ne doit pas seulement décliner une politique de solidarité vis-à-vis de ses lointaines contrées, mais également une politique d’investissement articulée autour des grands programmes (énergies renouvelables, santé, innovation, transports…).
“Le traitement réservé à Mayotte est inadmissible”
À Strasbourg où il sera présent la semaine prochaine, Younous Omarjee poursuivra ses entretiens. D’autres dossiers l’attendent. À neuf mois du renouvellement du Parlement européen et des institutions de l’Union, le député redoute la toute puissance de la Commission et la reprise en main du pouvoir par les technocrates bruxellois. “Nous devons rester particulièrement vigilants. Certains commissaires s’investissent déjà dans la bataille électorale, d’autres ne prennent plus aucune initiative. Dans cette période sensible je me méfie des services”. Younous Omarjee surveille trois arbitrages : la reconduction des crédits alloués au Poséi, promesse faite par le commissaire européen à l’agriculture lors de son passage à la Réunion fin juillet, le renouvellement des fonds structurels pour la période 2014-2020, et le niveau des subventions attribuées à Mayotte. Sur les deux premiers sujets, aucun danger réel ne semble se profiler. Sur le dernier, en revanche, la bataille est loin d’être gagnée. Sur la base des critères appliqués aux RUP, Mamoudzou espérait récupérer 500 millions d’euros. Les derniers arbitrages n’accorderaient à l’île aux parfums que 200 millions d’euros. Younous Omarjee y voit “une forme de discrimination inacceptable” et appelle les exécutifs régionaux à se désolidariser de cette décision.