Financement des aéroports: Ça chauffe entre Didier Robert et Younous Omarjee

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Dialogue de sourd entre le Conseil régional et le député européen Younous Omarjee. L’objet de la discorde porte sur le financement des aéroports – via le fonds européen FEDER – et leurs exclusions si les investissements ne sont pas liés à la “protection de l’environnement”.

D’un côté Didier Robert, président de la Région, de l’autre Younous Omarjee, député européen. Tous les deux sont en froid sur la question du financement des infrastructures aéroportuaires. La semaine dernière, le président de Région s’est montré très inquiet quant au financement des aéroports de Sainte-Marie et Saint-Pierre en raison de l’exclusion de ces investissements du fonds FEDER s’ils ne comportent pas d’aspect environnemental. Un Didier Robert inquiet, au point d’adresser plusieurs courriers au président de la République, François Hollande, mais également à la Commission européenne.

Hier encore, la question de ces financements s’est invitée durant la séance plénière de la Région. Un communiqué de presse envoyé après l’assemblée donne le ton des relations “tendues” entre Didier Robert et Younous Omarjee. “Le président de Région dénonce le double positionnement de Younous Omarjee et demande à l’Etat français d’intervenir pour permettre de poursuivre un financement européen des aéroports“, peut-on lire.

Contrairement à ce qu’indique Younous Omarjee, l’exclusion des infrastructures aéroportuaires ne figurait pas et n’a jamais figuré dans la proposition législative de la Commission européenne en date du 6 octobre 2011 (…). Cette restriction a été introduite par voie d’amendement par le Parlement européen et plus précisément par le Député européen Jan Olbrycht dans son rapport du 3 juin 2013. Elle a ensuite été discutée et votée en commission du développement régional du Parlement européen le 10 juillet 2013, en présence de Younous Omarjee qui ne peut, dès lors sans mauvaise foi l’ignorer, elle a été enfin adoptée en séance plénière du Parlement européen le 20 novembre 2013“, détaille la Région.

Ce sont donc bien les députés européens qui ont volontairement restreint le soutien aux infrastructures aéroportuaires aux seuls investissements liés à la protection de l’environnement à l’échelle de l’Union européenne. Ce double langage, selon que l’on est à Bruxelles ou à la Réunion, confine au cynisme lorsque l’on apprend que Younous Omarjee a lui-même proposé le 10 juillet 2013 d’introduire un amendement dans le règlement visant à exclure “les investissements dans les infrastructures aéroportuaires autres que ceux présentant des avantages démontrables pour l’environnement”. La noblesse de l’esprit aurait été ici d’assumer pleinement et totalement ses convictions“, poursuit-elle.

“La proximité des élections européennes n’autorise pas tout”

De la “démagogie” pour le député européen Younous Omarjee. Ce dernier s’est également fendu d’un courrier. “Il me semble utile de faire un peu de pédagogie (…). Durant les négociations le Parlement européen a demandé à la Commission européenne de lister précisément l’ensemble des projets en matière de transport qui resteraient finançables et ceux qui ne le seraient plus. La Commission européenne au nom du Commissaire Hahn a indiqué très clairement qu’elle ne souhaitait plus financer de projets aéroportuaires pour la période 2014-2020“, explique-t-il.

S’opposant à cette disposition, les Députés européens ont communément décidé de faire réapparaitre les aéroports dans le règlement pour qu’ils soient finançables (…). les Députés ont déposé un amendement (…) de compromis. À nouveau, je réaffirme que c’est bien le Parlement européen qui a permis que les infrastructures aéroportuaires restent finançables dans le projet FEDER à la condition qu’il participe à la protection de l’environnement ou qu’ils s’accompagnent d’investissements atténuant leurs incidences environnementale (…). Il est irresponsable, avant même la défense des projets de financement des infrastructures aéroportuaires de la Réunion, d’envoyer tant de signaux négatifs. Plutôt que d’adopter une posture agressive, le Président du Conseil Régional devrait se féliciter que le Parlement européen, avec la contribution de son groupe politique, ait sauvé ces financements“, poursuit-il. Pour Younous Omarjee : “La proximité des élections européennes n’autorise pas tout”.

Des points de vue divergeant qui vont conduire la Région à demander l’appui de l’Etat sur la décision du financement des infrastructures aéroportuaires. “Il convient aujourd’hui de demander à l’Etat qu’une “Déclaration du Conseil” indique très clairement que le FEDER continue à soutenir les investissements aéroportuaires dans les RUP compte tenu de leur déficit d’accessibilité et de l’absence d’alternative en matière de transport“, conclut la Région.

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