Le Parlement européen a approuvé jeudi l’ouverture de négociations entre Bruxelles et Washington sur un accord de libre-échange. « C’est inacceptable ! » pour le groupe GUE, qui dénonce la mise en concurrence renforcée des peuples. “Cet accord aura pour conséquence l’aggravation de la concurrence, avec les effets désastreux que l’on sait, aux niveaux social, économique, environnemental et sanitaire puisqu’il s’agit pour les multinationales américaines de s’exonérer des normes européennes en ce domaine.” C’est ainsi qu’ont protesté Jacky Hénin, Patrick Le Hyaric, Jean-Luc Mélenchon, Younous Omarjee, Marie-Christine Vergiat, députés de la délégation Front de Gauche au Parlement européen.
Pas besoin de traité
Ce jeudi a été voté l’exclusion des services culturels et audiovisuels, y compris en ligne, de l’accord de libre-échange. Cette résolution qui correspond aux souhaits de la France, au nom de l’exception culturelle, a été adoptée à Strasbourg par 460 voix contre 105 et 28 amendements. Les groupes des Verts et de la gauche communiste ont voté contre. « Nous avons voté contre le traité tout entier. Sans traité, pas besoin d’exception » expliquait cet après midi Jean-Luc Mélenchon sur Twitter à ceux qui lui reprochaient de ne pas avoir voté cet amendement.
L’autre amendement déposé par un Français, celui de l’eurodéputé UMP Arnaud Danjean qui demandait que le secteur de la défense soit également laissé de côté, n’a pas été adopté. Si la position du Parlement ne constitue qu’un simple avis, c’est à lui qu’il reviendra de donner son quitus ou de mettre son veto, in fine, à l’accord.
“Escroquerie économétrique et politique”
Outre les eurodéputés de gauche, les Verts s’opposent également fortement à cet accord. Yannick Jadot parle “d’escroquerie économétrique et politique.” “Ce qui se négocie, ce sont des choix de société qui ont été construits démocratiquement”, a-t-il dit au nom du groupe écologiste en évoquant les services publics, les services audiovisuels y compris par internet, le refus européen d’avoir “plus d’OGM, de bœuf aux hormones et de viande chlorée”. Le groupe GUE explique de son côté qu’une “société solidaire et égalitaire est difficile à défendre dans une Europe toujours plus libérale et plombée par l’austérité. Mais dans un marché européen élargi aux Etats-Unis, il deviendrait impossible ! La Commission européenne, les Etats membres et les députés européens qui défendent un tel projet souhaitent-ils voir les restes des acquis sociaux européens déjà menacés et l’ensemble de nos marchés publics livrés aux multinationales nord-américaines ?”