Le programme d’aide alimentaire de l’Union Européenne est fragilisé. Il faudrait aujourd’hui entre 4 et 5 milliards d’euros pour subvenir aux besoins des populations les plus pauvres dans toute l’Europe. Mais la commission européenne prévoit dans son futur budget une enveloppe de 2,1 milliards d’euros. Une enveloppe insuffisante qui fait craindre le pire aux associations nationales mais également réunionnaises.
Le député européen Younous Omarjee est de passage à la Réunion pour venir auditionner les présidents et acteurs du milieu associatif oeuvrant dans la distribution d’aide alimentaire. Nommé rapporteur sur le nouveau règlement visant à la création du fonds européen d’aide alimentaire – en remplacement du programme européen d’aide alimentaire créé en 1986 – Younous Omarjee veut mobiliser l’ensemble du milieu associatif national et réunionnais pour éviter une coupe sombre dans la ligne budgétaire destinée à l’aide alimentaire.
Le constat est là. Aujourd’hui en Europe, 110 millions de personnes sont dans une situation de pauvreté et 18 millions de personnes bénéficient de colis alimentaires pour pouvoir manger. “La politique d’austérité menée en Europe créée plus de pauvreté“, explique Younous Omarjee. Le rapporteur est allé à la rencontre des présidents des quatre associations nationales oeuvrant dans la distribution d’aide alimentaire (Restos du coeur, banque alimentaire, Croix Rouge, Secours Populaires). “Pour couvrir l’ensemble des besoin il faut entre 4,5 et 5 milliards d’euros”, souligne-t-il. Une goutte d’eau quand on compare ce chiffre au budget de la cohésion sociale de l’Union européenne compris entre 340 et 350 milliards d’euros.
Les 7 et 8 février prochains, une réunion des Etats membres de l’Union européenne va se tenir avec comme objectif le futur budget européen. “La proposition faite pour le fonds européen d’aide alimentaire s’élève à 2,1 milliards d’euros. Il manque la moitié pour répondre aux besoins de la population”, explique Younous Omarjee.
La distribution d’aide alimentaire a explosé en deux ans à la Réunion
En tant que rapporteur, Younous Omarjee souhaite interpeller le gouvernement et François Hollande pour que ce dernier prenne en compte cette “réalité” et inscrive ces propositions lors de son déplacement. “Il faut une forte mobilisation et celle menée en France et à la Réunion est exemplaire”, souligne-t-il.
Localement, la distribution d’aide alimentaire a explosé en deux ans. Les associations sont passées de 110 tonnes de colis à 600 tonnes en 2012. “C’est un indicateur de la dégradation sociale à la Réunion“, explique Younous Omarjee. Une inquiétude partagée par Dario Gaze de la banque alimentaire de la Réunion. “Nous sommes très inquiets quant à une diminution drastique des aides. Nous avons besoin d’aides et nous devons trouver des moyens pour continuer la distribution d’aides alimentaires. Comment peut-on combattre la précarité si au même moment on procède à des coupes sombres ?”, s’interroge-t-il.
“Il faut que le fonds mis en place se fasse aux mêmes conditions que celles établies en 1986. Le besoin de solidarité est indispensable. Pour bien fonctionner il faut de l’argent et pour le moment on ne sait pas jusqu’où ira cette aide pour répondre aux besoins de la population réunionnaise”, explique Michel Lescat de la Croix Rouge.
Reste à savoir si le parlement européen sera capable de “tenir une position de force” pour maintenir sa politique d’aide alimentaire en Europe. Réponse les 7 et 8 février prochains.