28/06/2012 – Consommation des crédits européens: la Réunion plus mauvaise élève de France

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L’île dispose de moins de trois ans pour dépenser plus de 650 millions d’euros de crédits inscrits dans les différents programmes. En l’absence de projet, ces fonds feront l’objet d’un dégagement d’office.

C’est une information qui tombe au plus mauvais moment. Alors que les régions ultrapériphériques (RUP) préparent ces jours-ci leur rendez-vous annuel avec la Commission, le nouveau classement sur la consommation des crédits européens établi par la Datar risque d’entacher la crédibilité de la délégation réunionnaise attendue la semaine prochaine, à Bruxelles. Selon ce rapport officiel réalisé par l’Agence de services et de paiement (ASP) sur l’état d’avancement des programmes, la Réunion n’a jusqu’ici engagé qu’une très faible partie des fonds structurels alloués par l’Union pour la période 2007-2013. Au 1er février 2012, par exemple, les crédits du Feder, dont la vocation est de corriger les déséquilibres régionaux au sein des pays de la communauté, n’ont été mobilisés qu’à hauteur de 55%. Sur les 1,14 milliard d’euros débloqués par Bruxelles, 560 millions d’euros seulement ont fait l’objet d’une programmation. Etonnant lorsque l’on sait que cette ligne budgétaire permet de financer des infrastructures liées à l’innovation, ou de soutenir des pans entiers de l’économie comme les télécommunications, l’environnement, l’énergie, le transport.

Ce ratio de 55% est tout simplement le plus mauvais de l’Hexagone. Des régions comme Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées ou l’Ile de France affichent des résultats compris entre 75% et 80%. Même les Antilles-Guyane, d’habitude considérés comme de mauvais gestionnaires, se rapprochent cette fois-ci de la moyenne nationale (69,4%) avec un taux moyen de consommation de plus de 65%. Ce qui est valable pour le Feder ne l’est pas forcément pour le FSE (Fonds social européen), un instrument financier destiné à soutenir la politique de l’emploi. La Réunion a engagé 70% des crédits mais ce chiffre ne doit pas faire illusion. Le département ne se place qu’en 22e position dans la hiérarchie nationale.

 UN RAPPORT QUI SUSCITE DE NOMBREUSES INTERROGATIONS

Dernière donnée cruelle qui illustre la nature rachitique des échanges dans la zone, les fonds destinés aux programmes de coopération territoriale ont également été utilisés avec parcimonie. A titre de comparaison, un département comme la Guyane ne dispose quasiment plus de crédits dans le cadre de ses relations avec le Brésil. Les statistiques publiées par la délégation à l’aménagement du territoire suscitent deux questions majeures: un, comment la Réunion est-elle passée en quelques années du statut de très bon élève de la classe européenne à celui de cancre? Deux, l’île sera-t-elle en mesure d’engager la totalité des crédits d’ici la fin de la programmation en 2014? Le débat est pour le moment purement budgétaire mais il pourrait glisser très vite sur le terrain politique. Car si les fonds ne sont pas amortis dans les délais impartis, ils feront l’objet d’un dégagement d’office. Gênant au moment où se discute la nouvelle programmation pour la période 2014-2020. Député européen, Younous Omarjee vient d’écrire à Didier Robert, le président de la région afin que celui-ci clarifie rapidement la situation. Dans son courrier, le parlementaire s’inquiète d’un redéploiement des aides qui se ferait au détriment de la Réunion. “La sous-programmation de nos crédits ne facilite pas les demandes que j’ai formulées pour une stabilisation des fonds structurels destinés aux régions ultrapériphériques. C’est d’ailleurs cet argument qu’invoque la Commission pour justifier la baisse d’un certain nombre de moyens financiers“, regrette en substance le successeur d’Elie Hoarau. Hasard du calendrier, la question des fonds structurels continuera à dominer l’agenda du Conseil européen dans les semaines à venir. C’est justement dans ces fonds non utilisés que François Hollande suggère de puiser 55 milliards d’euros pour financer partiellement la nouvelle politique européenne de croissance que la France souhaite imposer à l’Allemagne.

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