Dans un communiqué diffusé hier, le député des Outre-mer au Parlement européen alerte sur le transfert de 80 milliards d’euros, prévus pour les Antilles, la Guyane, La Réunion, les Canaries, les Açores et Madère, vers des pays de l’Europe où la situation du chômage est plus grave qu’en France, mais moins qu’à La Réunion. Ces fonds que nous avons obtenus risquent de nous être retirés. Younous Omarjee a donc décidé d’agir auprès du nouveau président de la République dès son entrée en fonction.
Lors de sa campagne électorale, François Hollande a évoqué la disponibilité de 80 milliards de fonds structurels, non engagés. Des crédits non engagés certes, mais pour la plupart programmés (c’est à dire affecté à un projet en cours d’élaboration) qui seraient, selon la Commission européenne, réaffectés vers le soutien aux PME afin de soutenir l’emploi des jeunes.
Dès ma prise de fonction en janvier 2012, je suis intervenu précisément sur cette question au cours d’une séance plénière du Parlement européen. J’avais regretté que les fonds structurels, dont bénéficient prioritairement les régions les plus pauvres et les RUP en particulier dans le cadre du FEDER, du FSE, des Fonds de cohésion soient détournés de leur vocation initiale.
Les RUP les grandes perdantes ?
Avec d’autres collègues, tous bords politiques confondus, nous avions demandé à la Commission ce qui lui permettait de dire que 80 milliards ne seraient pas consommés à la fin de la programmation d’ici à fin 2013 alors que nous ne sommes qu’au début de l’année 2012. Aucune réponse précise n’a jusqu’alors été apportée par la Commission européenne et aucune indication n’a été donnée au Parlement européen quant aux bases sur lesquelles se fondent ces chiffres.
Suite à ce débat j’ai aussi précisé au Commissaire européen Johannes Hahn par un courrier daté du 23 février que la situation gravissime du chômage des jeunes dans les RUP appelait la prise en considération des RUP françaises afin qu’elles ne soient pas les grandes perdantes dans ce tour de passe-passe budgétaire et de redéploiement de fonds proposé de concert par la Commission européenne et certains États Membres.
En effet, pour redéployer ces 80 milliards, la Commission a fait le choix de cibler prioritairement 8 États membres, à fort taux de chômage. Et bien naturellement, la France compte tenu de ces indicateurs ne fait pas partie de ces États. Ont été retenus l’Espagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Irlande. Mais c’est laisser de côté les Régions ultrapériphériques françaises qui risquent de devenir les grandes perdantes de ce redéploiement.
Le nouveau président sera interpellé
Dans ce courrier j’ai solennellement demandé au Commissaire Hahn de prendre en compte la situation particulière des RUP et d’ajouter les RUP françaises à la liste des 8 États retenus… La réponse que j’ai reçue à ce courrier du Commissaire européen Johannes Hahn n’annonce rien de bon et argumente que résoudre le problème du chômage dans les RUP françaises ne peut se faire par une augmentation de l’enveloppe financière qui leur est allouée.
Nous devons donc pour l’instant comprendre de ce courrier que d’une part les fonds qui ne seront pas engagés à La Réunion et dans les RUP françaises seront redéployés vers d’autres pays européens, et que d’autre part les RUP françaises ne bénéficieraient pas de l’effort supplémentaire que l’Union européenne propose pour lutter contre le chômage des jeunes.
Il nous appartient à présent d’agir auprès du nouveau président de la République et du futur gouvernement pour que la position de la France dans la préparation de ce redéploiement permette une réorientation de la position de la Commission européenne. Dès l’entrée en fonction du François Hollande, je lui ferai part de mes propositions pour que les intérêts des RUP ne soient pas laissés de côté. J’invite également, dès à présent, les collectivités territoriales compétentes à se mobiliser.