LES DEBATS – [highlight color=”eg. yellow, black”]Votre Quotidien National[/highlight]
Aux Etats-Unis – pays le plus riche et le plus puissant de la planète selon le Washington Post, qui cite un rapport de Working Poor Families Project sur l’état de la pauvreté – un tiers des familles qui travaillent reçoivent des salaires dont la modicité ne leur permet pas de vivre décemment. Les statistiques sur le phénomène indiquent que plus de 48 millions d’Etatsuniens émargent à la distribution de tickets alimentaires. En Europe, la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) commence à se poser de sérieuses questions sur ses missions et ses compétences, elle qui fondait son action sur les pays du Sud. La semaine dernière, elle fait état de 26 millions de chômeurs (chiffres officiels) dans les Etats de l’Union européenne, avec des taux de 50% chez les jeunes de nombre de pays. La porte-parole de la FICR déclare : «Nous voyons apparaître un fossé de plus en plus grand entre les riches et les pauvres. Et nous sommes surpris par le nombre de requêtes d’aide que nous recevons de la part de gens qui continuent pourtant à avoir un emploi. Les prix de l’eau, de l’électricité et des appartements augmentent tandis que les salaires ne suivent pas.» En France, la Croix-Rouge distribue, à elle seule, 55 millions de repas par année. Dans l’UE, aujourd’hui, 116 millions de personnes souffrent de pauvreté. Sans que les stratégies et les politiques mises en œuvre semblent se préoccuper du phénomène.
Bien au contraire, il n’est question que d’aggraver la situation à travers les mesures d’austérité décidées en dehors des pouvoirs élus qui sont chargés de les appliquer, quoi qu’il puisse en coûter sur le plan socio-économique. En vertu de ce principe, les 7 et 8 février prochains, la Commission européenne va examiner le budget consacré aux aides alimentaires.
Les associations, qui sont en charge du problème, estiment leur montant entre 4 et 5 milliards d’euros, alors qu’il ne sera attribué, de toute évidence, qu’une enveloppe de 2,1 milliards à répartir entre 27 pays. Etant donné qu’il existe de fortes réticences vis-à-vis de la question. Devant ce sinistre sans pompier visible, combien d’Européens sont-ils à se demander ce que font ou à quoi servent ces 736 députés élus au Parlement de Strasbourg ? Sauf, peut-être, l’un de ces derniers, Younouss Omarjee, qui s’insurge en constatant que «c’est une honte que l’Union européenne se pose aujourd’hui la question de la légitimité de ce programme et peine à aider ceux qui ont faim». Au bout, on devrait se demander si l’Europe, autant que les Arabes et assimilés, sinon plus au regard de ses potentialités, est plus que mûre pour un «printemps». Ferait-elle exception ? Pourtant, tous les ingrédients s’y trouvent, que ne voient pas les médias «printaniers». La gouvernance anti-démocratique et la dictature des banques, l’exclusion sociale de dizaines de millions de citoyens et l’absence d’autres perspectives que celle de la disparition des dernières libertés politiques et conquêtes sociales, au profit de l’implacable règne de l’argent.
Ahmed Halfaoui