04/03/2013 – Une année Capitale pour la canne. Younous Omarjee : “Préparer dès maintenant notre lobbying”

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En tant que député européen, Younous Omarjee porte les espoirs des planteurs de canne de la Réunion.

-Après la PAC, l’Europe va se pencher sur le règlement sucrier qui intéresse particulièrement la Réunion?

– Tout à fait! C’est un autre gros dossier qui s’ouvre et tout est en train de se mettre en place. On voit que les uns et les autres sont déjà à la manœuvre, aussi bien les betteraviers que les industriels de la transformation du sucre. Ces derniers font un lobbying vraiment offensif pour faire prévaloir  leur vision qui consiste en une libération totale et immédiate du marché. J’ai rencontré récemment au salon de l’agriculture le président de la chambre d’Agriculture Jean-Bernard Gonthier, son prédécesseur Jean-Yves Minatchy, et le président de la Daf. J’ai bien insisté sur le fait qu’il faut qu’on rentre dans la danse au plus vite et qu’on commence à agir au niveau du parlement européen pour convaincre les uns et les autres et amener l’Europe à reconduire ses aides jusqu’en 2020.

– Avez-vous personnellement commencé à travailler sur ce dossier?

-En tant que rapporteur pour avis auprès de la commission REGI, j’ai déposé une série d’amendements concernant les RUP. Presque tous ont été adoptés. En commission AGRI, ces amendements ont également été repris par le rapporteur Michel Dantin. Le fond du problème c’est que la commission européenne demande la fin de tout ce qui avait été obtenu au cours de la dernière réforme (fin des quotas, prix libéralisation totale du secteur…). La position qu’on défend est une position de compromis. C’est le maintien des mesures obtenues en 2005 jusqu’en 2020. On regagne ainsi cinq ans. Cette position est aussi celle du député européen Michel Dantin. Il faut savoir que la commission AGRI du parlement européen s’est prononcée en janvier dernier sur le rapport de Dantin en faveur de la reconduction du règlement pour cinq ans.

 – Cet avis est-il partagé par l’ensemble des députés européens?

– Une bonne majorité en tous cas. Sauf que les industriels de la transformation souhaitent, eux, la libéralisation totale du secteur dès maintenant. Il est là le danger. Fort heureusement, les betteraviers sont sur la même position que nous (report jusqu’à 2020). Il faudra mener bataille au Parlement européen. Ce ne sera pas une bataille facile car le résultat conditionnera toute la filière sucre, aussi bien celui provenant de la canne comme de la betterave.

 Autre point qui pose problème, c’est la demande de suppression des accords interprofessionnels. La Commission européenne projette, en effet, de remplacer l’obligation des accords écrits interprofessionnels par des simples accords écrits. La suppression du caractère interprofessionnel est à mon sens loin d’être neutre dans la mesure où l’obligation qui était faite concerne les conditions d’achats de la canne à sucre. Cette proposition a été faite de manière délibérée pour créer progressivement une concurrence entre agriculteurs et groupements d’agriculteurs. Si on supprime ces accords les planteurs se retrouvent tout nus.

 – L’enjeu est donc capital?

– Décisif même. C’est pour ça que je dis qu’il y a un lobbying à mettre en place avec les planteurs de la Réunion, la chambre consulaire, les industriels,… Tout cela dans l’unique souci d’avancer sur une position commune. Le gouvernement français a également toute sa place dans ce lobbying. En tant que rapporteur pour avis pour la commission développement régional, j’essaye de voir comment procéder pour faire venir toute une délégation réunionnaise à Bruxelles justement pour organiser ce lobbying.

– Peut-on gagner cette bataille décisive?

– Rien n’est perdu d’avance, d’autant que le Parlement européen a déjà adopté une résolution demandant la reconduction du règlement sucrier jusqu’à 2020. On peut gagner la bataille mais il ne faut pas sous estimer la volonté farouche de la commission européenne de répondre aux impératifs de l’Organisation Mondial du Commerce (OMC) qui demande une libéralisation totale et immédiate du marché. Sans oublier l’énorme pression qu’exercent les industriels de la transformation du sucre.

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