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Visite de Clément Beaune à La Réunion : réaction de Younous Omarjee dans le Quotidien

Dans les colonnes du JIR, Younous Omarjee, Député Européen, Président de la Commission du Développement Régional, réagit à la venue du Secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, vendredi 10 septembre 2021.

J’espère qu’il sortira des visions puériles et manichéennes où toutes les avancées en Europe sont mises au profit du Gouvernement français. Quand en réalité chacun sait que toutes les décisions en Europe sont le résultat conjoint des efforts des Gouvernements et du Parlement européen, dans des négociations à 27 jamais faciles et toujours complexes.

Qu’attendez-vous de la visite à La Réunion du Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, ce vendredi et ce samedi ?

C’est une chance pour la France et pour les régions ultrapériphériques (RUP) que l’une des Commissions les plus importantes pour nos territoires soit présidée par un ultramarin français.

Dans toutes les négociations que j’ai eu l’honneur de présider, les intérêts de la France et des RUP ont été sauvegardées, parfois même au-delà de ce qui était espéré par la France comme récemment dans la Réserve d’ajustement au Brexit.

Pour la Réunion et les RUP en général, ces négociations ont permis de sécuriser toutes les dérogations demandées pour la future programmation des fonds 2021 2027, ainsi que de sécuriser le montant des allocations et des co-financements. Nous avons réuni les meilleures modalités pour que cette programmation puisse désormais s accomplir dans les meilleures conditions.

Pour le reste, une visite ministérielle est toujours un moment important pour que les membres du Gouvernement appréhendent la réalité des territoires. J’espère que cette visite permettra au Ministre de consolider ses convictions sur la nécessité urgente de plaider auprès des autres Ministres du Gouvernement, notamment de l’Agriculture, d’agir concrètement et de concert avec le Parlement européen pour protéger au maximum nos productions dans les accords de libre-échange. Des menaces planent toujours pour le sucre. Elles doivent être levées.

Clément Beaune vient notamment donner le coup d’envoi de la consultation citoyenne sur l’avenir de l’Union Européenne dans les territoires. Que vous inspire cette initiative du gouvernement français?

La consultation sur l’avenir de l’Europe n’est pas une initiative du Gouvernement français mais des institutions européennes. À charge pour chaque État ensuite de la faire vivre en son sein.

La défiance vis à vis des politiques et des institutions européennes est forte. Et souvent fondée.

“Je crains que le sort réservé à cette consultation soit probablement similaire au sort réservé à la convention citoyenne sur le climat : une grande opération de communication.”

Il ne s’agit pas de faire de cette consultation un machin de promotion et de service après-vente de politiques devenues obsolètes avec la crise. Mais une rampe de lancement pour changer le contenu des politiques par une modification des traités.

Je crains que le sort réservé à cette convention soit probablement similaire au sort réservé à la convention citoyenne sur le climat ; une grande opération de communication dont les conclusions seront abandonnées aussi vite que possible par le gouvernement dès qu’elles seront dérangeantes.

Pour réformer l’Europe il faut avoir le courage de la réforme, et ne pas seulement donner l’illusion du débat. 

Depuis le début de la crise sanitaire, l’Europe en a-t-elle fait suffisamment dans les régions ultrapériphériques ? Et cette crise doit-elle changer le traitement dont bénéficient les RUP ?

On ne fait jamais assez. 

La crise a montré qu’on paie cher des décennies d’inégalité de traitement par la France entre les régions des Outremers et les régions métropolitaines, notamment sur le plan sanitaire.

“Pour réformer l’Europe il faut avoir le courage de la réforme, et ne pas seulement donner l’illusion du débat.” 

Au niveau européen, ce qui a été fait l’a été grâce à la Commission du développement régional et la Commission européenne. 

Au plus fort de la crise, avec la Commissaire Elisa Ferreira, nous avons imaginé des moyens d’urgence pour les Régions pour répondre au plus pressé. Ce sont les règlements Crii et Crii+ dont a bénéficié la Région Réunion et qui ont notamment permis l’achat de masques ainsi que de redéployer les fonds structurels non utilisés pour aider les PME, les secteurs les plus impactés, les hôpitaux et le financement du chômage partiel.

Puis ce fut REACT-EU, près de 50 milliards à l’échelle de l’Europe avec des aides financées à 100% pour continuer à faire face à l’urgence et amorcer la relance. Dans cette négociation que j’ai également présidée, nous avons obtenu une enveloppe spécifique additionnelle pour les RUP. Croyez bien qu’obtenir cela cela n’a pas été simple.

Et puis bien sûr il y a le plan de relance. Je dis au Ministre, que le respect des principes des politiques européennes doit conduire l’État à favoriser les RUP dans le plan national de relance qui est fondé sur la base de l’article 175 du Traité qui est celui de la cohésion.

“Les régions ultrapériphériques sont les plus pauvres d’Europe. Elles doivent être prioritairement servies”

Les Rup ont été très impactées par la crise du Covid, ce sont les régions les plus pauvres d’Europe. Elles doivent donc être prioritairement servies.

La crise a aussi montré le coût de la dépendance extérieure, et souligne plus que jamais la nécessité de relocaliser les productions, d’atteindre l’indépendance alimentaire, ainsi que raccourcir et sécuriser les circuits d’approvisionnement.

La présidence française de l’Union européenne débutera le 1er janvier prochain. Est-ce une opportunité pour les RUP et quelle impulsion nouvelle en espérez-vous ?

Bien sûr. C’est toujours important lorsque l’UE est présidée par un pays ami des RUP. C’est ce que j’avais dit au premier Ministre portugais Costa et nous avons bien travaillé avec la présidence portugaise. Et déjà j’ai commencé à travailler avec la Présidence espagnole qui succédera à la présidence française.

J’espère donc qu’il en sera de même avec la Présidence Française. À ce stade, en tant que Président de Commission REGI, j’attends que s’instaure un dialogue avec le Gouvernement pour partager nos attentes et les priorités que nous avons définies. Je constate que ce dialogue préparatoire n’a toujours pas commencé. Je suis la disposition de la France pour cela, comme je l’ai été jusqu’ici pour toutes les présidences tournantes qui se sont succédées. La porte de mon bureau est ouverte.

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