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Violences sexuelles et sexistes : “Nous ne sommes que deux hommes dans cet hémicycle !”

Younous Omarjee (La France Insoumise / The Left) est intervenu lors du débat qui se tenait au Parlement européen sur les violences faites aux femmes. Il s'est ému de n'être qu'un des deux hommes présents dans l'hémicycle. La Commissaire à l'Egalité, Helena Dalli, lui a répondu.

 Discours prononcé par Younous Omarjee, au Parlement européen, à Strasbourg, mardi 18 octobre 2022.

Ma chère collègue,

Madame la Présidente,

Merci pour votre intervention.

Dans ce débat, comme l’a souligné Karima Delli, seuls deux hommes sont intervenus à la tribune et nous ne sommes ici que deux ou trois hommes.

La question que je vous pose est la suivante: cela vous inquiète-t-il ? Quels enseignements en tirez-vous pour notre assemblée? Car à l’évidence, ce débat extrêmement important sur la convention d’Istanbul contre les violences sexuelles à l’encontre des femmes est un combat qui doit concerner d’abord et avant tout les hommes.

Réponse d’Helena Dalli, Commissaire européenne à l’Égalité :

Madame la Présidente, je vous ai promis lors de l’audition de l’année 2019 que je travaillerais à l’adhésion de l’UE à la Convention d’Istanbul, et dans l’intervalle, je présenterai également notre propre proposition de législation, et c’est ce que je fais. Je suis heureux que beaucoup d’entre vous soient d’accord avec cette proposition législative.

Les données des Nations unies montrent qu’environ 47 000 femmes et filles ont été tuées par leurs partenaires intimes ou des membres de leur famille, principalement des hommes, en 2020, donc, en moyenne, une femme ou une fille toutes les 11 minutes. Donc, effectivement, c’est un sujet qui devrait concerner les hommes, et je le dis à chaque fois qu’il y a ce genre de débat dans ce Parlement ou ailleurs. J’ai toujours l’impression, dans ces circonstances, que nous prêchons à des convertis. Donc, bien sûr, davantage d’hommes sont les bienvenus et on attend d’eux qu’ils s’expriment dans ce genre de débat. Dans ce débat, 29 femmes ont pris la parole. Seuls deux hommes se sont inscrits sur la liste des orateurs, et l’un d’eux est venu nous dire non à la Convention d’Istanbul. C’est la situation contre laquelle nous devons nous battre chaque jour. Il semble que les hommes ne veulent pas nous entendre parler de ce sujet alors que nous savons que, toutes les 11 minutes, une femme et une fille sont tuées par leur partenaire intime ou un membre de leur famille.

Toutes les 11 minutes, une femme ou une fille est asssassinée par leur partenaire, ou l’un des membres de leur famille.

J’ai dit que nous devions continuer à poursuivre l’adhésion à la Convention d’Istanbul. Comme nous l’avions promis, nous avons préparé, comme je l’ai dit, la directive pour disposer d’un instrument européen de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Je demande instamment aux co-législateurs de l’adopter le plus rapidement possible, s’il vous plaît.

Nous devons également travailler sur la prévention. Bien sûr, cela va sans dire, nous devons travailler davantage pour l’indépendance financière des femmes, qui est directement liée à la situation de violence dans les familles de violence domestique, car il est très difficile pour une femme de quitter une relation abusive si elle dépend financièrement de son agresseur, surtout si elle a des enfants.

Ainsi, dans tous les autres travaux que nous menons en vue d’accroître le nombre de femmes sur le marché du travail, nous savons que 7,7 millions de femmes ne sont pas sur le marché du travail en raison de leurs responsabilités familiales et c’est pourquoi nous avons mis en place notre programme de soins. Tout cela est lié, car si ces 7,7 millions de femmes sont sur le marché du travail, travaillent, gagnent leur vie, elles seront moins susceptibles d’accepter de vivre dans des situations de violence domestique. Notre objectif est clair : éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles et soutenir les survivantes partout où cela se produit, que ce soit dans les espaces privés et publics ou au travail. Une politique de tolérance zéro à l’égard des violences sexualisées et des viols doit devenir la norme partout.

“Notre objectif est clair : éliminer la violence à l’égard des femmes et des filles et soutenir les survivantes partout où cela se produit”

Helena Dalli, Commissaire européenne à l’Egalité

L’UE restera à l’avant-garde de cette mobilisation internationale pour défendre le droit de chaque femme et de chaque fille à vivre librement et en sécurité, où qu’elle vive en Europe. Nous sommes aux côtés de toutes les femmes et nous défendrons le soutien et la protection de toutes les femmes et les filles, car les droits des femmes sont le pilier de sociétés justes, ouvertes, développées et démocratiques. Rien ni personne ne doit être autorisé à priver les femmes de leur liberté.

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