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Les îles sont dans l’angle mort de la Commission européenne

Younous Omarjee était l'invité de la matinale de France Bleu, à quelques heures du vote de son rapport sur l'insularité et l'Union européenne.

Younous Omarjee, vous présidez la Commission du Développement Régional au Parlement européen. Cette Commission a pour vocation pour réduire les écarts de développement entre les régions. Votre rapport sur les îles va être voté aujourd’hui. De quoi s’agit il ? 

Ce rapport a vocation a être fondateur d’un temps nouveau entre les iles et les institutions européennes. Quand je dis les iles européennes, c’est en réalité les îles de la Méditerranée. Nous faisons le constat qu’il y a eu aucune avancée depuis 15 ans pour la reconnaissance pleine des spécificités des îles dans les politiques et les règlements européens. La situation dans une île n’a rien a avoir avec la vie au coeur de l’Europe. 

Ce qui veut dire que les îles de la Méditerranée ont été les oubliées de l’Union europénne ? 

Oui, je crois que ça a été un angle mort et lorsque je suis arrivé à la présidence de la Commission du Développement Régional, je me suis appuyé sur le travail formidable qui a été fait par Nanette Mauperthuis et Gilles Simeoni. Les îles doivent viser leur pleine autonomie sur tous les plans. L’autonomie sur le plan alimentaire, d’abord. Nous avons  un travail considérable pour faire en sorte que les Corses puissent être nourris par l’agriculture corse. Du travail a été fait sur l’élevage mais sur l’agriculture vivrière, il y a encore beaucoup d’effort à accomplir. Il faut le soutien de l’Europe. Autonomie sur le plan énergétique aussi ; nous avons tout ici pour viser le 100% d’anergies renouvelables. Et autonomie sur le plan de la pensée, sur le plan politique. Il faut ramener le pouvoir mais plus encore que le pouvoir, la puissance de faire ici. 

Concrètement que va changer ce Pacte insulaire, pour la Corse ? 

Ce qui se passe aujourd’hui à Strasbourg est historique. Vous avez l’affichage d’un front politique conduit par le Président Simeoni va montrer l’unité des îles pour avancer ensemble sur de mêmes objectifs. Et je crois que cette unité politique très forte avec le soutien du Parlement européen nous mettra dans les meilleures conditions pour négocier le futur budget de l’union européenne qui devra accorder un bonus pour les îles. Et qui nous mettra dans les meilleurs conditions pour négocier les futurs règlements et permettent, sur la base de l’article 174 du Traité de fonctionnement de l’Union européenne (FUE), les dérogations attendues pour prendre en compte les handicaps naturels permanents des iles soient pleinement reconnus. 

Les Présidents des régions insulaires réunis à Strasbourg, le 7 juin dernier.

Ce front est  un peu le rêve de l’Union Méditerranéenne de Nicolas Sarkozy… 

Oui, la question de la Méditerranée est importante. Nous baignons ici au coeur de la Méditerranée avec des enjeux géopolitiques et géostratégiques considérables. Les partenaires naturels des Corses sont les îles. Regardez les Chinois : ils s’appuient partout dans le monde pour avancer sur leurs objectifs stratégiques. 

L’Europe pourrait emboiter le pas à la France ? 

Nous allons faire la démonstration que nous avons un temps d’avance sur la France. Les articles qui sont déjà dans le traité doivent être une inspiration pour la constitution nationale. Les Italiens l’ont bien compris puisqu’ils sont en train de constitutionnaliser l’insularité. 

Conférence de presse à l’issue du vote au Parlement européen, le 7 juin 2022. A gauche, Younous Omarjee, à droite, Gilles Simeoni.

Est-ce la première étape pour la reconnaissance des « nations sans État » comme l’appellent les différents nationalistes en europe ? 

C’est une autre question. Je ne suis pas certain que l’Europe des régions soit le chemin qui conduise vers le fédéralisme européen et je ne suis pas certain non plus qu’avancer dans la reconnaissance des régions va affaiblir l’État-nation. Ce qui compte c’est de pouvoir améliorer la vie des gens. 

Lire aussi : Dans l’Union européenne, l’heure des îles a sonné !

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